6/18/2008

La Pharmacopée chinoise--Une tradition millénaire toujours vivante


Par Nadine Daniel

La pharmacopée chinoise est extrêmement développée en Chine. Elle est la plus utilisée des 5 branches de la médecine traditionnelle chinoise (les 4 autres étant l’Acupuncture, le massage Tui Na, la diététique et les exercices énergétique). Considérée comme plus performante que l’Acupuncture, ses principes thérapeutiques reposent sur les fondements théoriques de la Médecine chinoise,notamment ceux de l’énergie, des méridiens et des cinq éléments.

Expérimentée depuis plus de 3 000 ans, la pharmacopée chinoise recèle quelques milliers de substances, dont environ 300, font partie de l’usage. Shen Nong est un des grands compilateur de plantes médicinales .Empereur mythique dont le nom veut dire « paysan divin », il n’hésitait pas à expérimenter, sur lui même, certaines plantes toxiques. De son observation approfondie de la nature, il répertorie le nombre symbolique de 365 plantes, correspondant aux 365 jours de l’année. Ceci pour signifier que les plantes décrites peuvent prétendre prévenir et soigner toutes les maladies. Les plantes étudiées sont divisées en 3 catégories : supérieures, moyennes et inférieures.
Les plantes supérieures sont employées en cuisine comme condiments ou boissons. Elles ont une visée préventive. Les plantes moyennes s’utilisent de façon curative, pour guérir les maladies, les plantes inférieures quant à elles, sont les plantes toxiques ou « poisons » qui servent à combattre les maladies graves. Aujourd’hui, la pharmacologie et la recherche, continuent d’approfondir cette science, tandis que les praticiens contemporains développent de nouveaux traitements, de mieux en mieux adaptés aux maux de notre époque. La pharmacopée chinoise est donc une approche vivante.

Des substances végétales, minérales, animales et humaines.
La pharmacopée chinoise utilise, bien sûr, en majorité des médicaments d’origine végétale, mais elle se sert, aussi, de substances d’origine minérale, animale ou humaine. Par exemple, on utilise l’hippocampe, les reins de porc, la chair de serpent ou les bois de cerf, de l’ambre, de la perle ou du gypse parmi les minéraux ainsi que les ongles , les cheveux , les dents , les excréments, le placenta et les urines d’origine humaine, à des fins thérapeutiques.
Alors que l’herboristerie occidentale classe les plantes selon leur nature chimique et étudie l’effet de leurs substances actives sur l’organisme, la pharmacopée chinoise répertorie les substances selon leur nature énergétique et leur impact sur les différents mouvements de l’énergie qui déterminent l’état de santé d’un individu.

Chaque produit est classé selon plusieurs critères :
La nature : froide, fraîche, neutre, tiède, chaude, selon l’effet thermique qu’il a sur l’organisme.
La direction : selon le mouvement énergétique qu’il engendre : ascendant, descendant, entrant, sortant.
La saveur :
acide : descendante et entrante, collectrice,
astringente, en relation avec le bois.
amère : descendante et entrante, dessèche et raffermit, en relation avec le feu.
douce : montante et sortante, tonifie, restaure, relâche, harmonise, en relation avec la terre.
piquante : montante et sortante, disperse, stimule, fait circuler, en relation avec le métal.
salée : descendante et entrante, humidifie, ramollit, assouplit, en relation avec l’eau.
fade : diurétique.
âpre : astringent.

L’origine des maladies étant due à un déséquilibre dans la circulation énergétique, le médecin chinois fait un diagnostic différentiel, avec des outils d’observation propres à la Médecine chinoise (prise du pouls, observation de la langue, du teint) à l’issue duquel, il choisira tel remède. Voici quelques unes des perturbations qui peuvent affecter la libre circulation de l’énergie. Faiblesse de l’énergie, du Yin, du yang, du sang. Stagnation de l’énergie, des liquides, des aliments. Troubles des mouvements de l’énergie (descente, montée, à contre-courant). Les perturbations climatiques qui sévissent pendant certaines saisons (les énergies perverses) telles le vent , la chaleur, le froid, l’humidité affectent également la qualité de l’énergie.

Selon les pathologies, différentes méthodes de traitement seront mises en oeuvre : sudorification, vomification, purgation, harmonisation, calorification, réfrigération, tonification, dispersion, utilisant les différentes propriétés des produits ( nature, saveur, mouvement). La nature et la saveur des produits seront combinées afin d’obtenir un effet de tonification de l’énergie saine et d’élimination de l’énergie perverse.

Ainsi la cannelle de nature chaude et de saveur piquante réchauffe les reins et l’estomac et soigne les douleurs lombaires et les troubles digestifs dus au froid. Le noyau d’abricot humidifie le poumon en cas de toux sèche, la peau d’orange clarifie les mucosités, l’orge chinoise draine l’excès d’eau du corps, la schisandra réduit l’incontinence et la diarrhée, le noyau de la datte sauvage calme l’esprit
Le fameux Ginseng de nature chaude et de saveur sucrée, tonifie l’énergie générale, fortifie le cœur, les reins, l’estomac et les poumons. Alors que l’Angélique chinoise, le Ginseng des femmes nourrit le sang et régule les problèmes gynécologiques. En ce qui a trait aux propriétés, prenons l’exemple d’un type d’arthrite qui est aggravé par l’humidité ou la pluie : dans la perspective chinoise, cela est attribuable à de l’Humidité et du Froid dans les méridiens ; or la plante Hai Tong Pi , qui pousse en bordure de mer, possède, selon la logique chinoise (et l’expérience d’années de pratique), la propriété de disperser l’Humidité et le Froid. Mentionons aussi que la propriété de tonification est fondamentale dans cette approche et sert de base à toute entreprise thérapeutique. Ici, « tonifier » veut dire accroître la compétence, l’adaptabilité et la résistance de l’organisme aux facteurs adverses.

Ensuite, les herbes sont choisies spécifiquement en fonction de la personne à traiter : le « bon » médicament convient à telle personne, comme la bonne clé ouvre telle serrure. Pour prescrire une plante ou une formule, le praticien doit comprendre, non seulement les causes sous-jacentes des symptômes, mais la dynamique propre de son patient - ce qu’on appelle le « terrain ».

La méthode de préparation : les produits peuvent être utilisés "tels quels" ou subir des préparations : lavés, trempés, macérés, grillés, carbonisés, séchés, cuits, bouillis, distillés,... mélés à des adjuvants lors des préparations comme le vinaigre, le miel, le gingembre, le sel, le vin, ce qui peut modifier leur nature et leur saveur. Les produits seront prescrits dans différents types d’ordonnances, dans lesquels ils joueront des rôles différents selon l’effet recherché par le prescripteur :
L’empereur : le produit prescrit à sa dose maximale jouera le premier rôle thérapeutique, c’est l’élément fondamental de la prescription.
Le ministre : renforce l’empereur et joue sur un des aspects de la maladie.
Le conseiller : renforce les deux premiers ou joue sur les aspects secondaires du problème, ou contrôle et atténue les effets des deux premiers.
L’ambassadeur : oriente la prescription vers la zone à traiter, harmonise. Ces préparations pourront se présenter sous diverses formes : décoctions, poudres, pilules, vins, comprimés, sirops, extraits, onguents...
Bien que faisant appel à des produits d’origine naturelle, ces préparations sont de véritables médicaments dont la prescription doit être réservée aux personnes averties et compétentes dans le domaine de la médecine traditionnelle chinoise.

Applications thérapeutiques
Le but premier de la Médecine traditionnelle chinoise et de sa pharmacopée est la prévention. Il s’agit alors de maintenir l’organisme en bonne santé - ce qui, dans nos mots, veut dire renforcer le système immunitaire. De nombreuses plantes et formules possèdent ce potentiel et, à ce titre, font partie du quotidien de millions de personnes.
Du point de vue curatif, la Médecine traditionnelle chinoise est un système thérapeutique complet et les plantes qui en relèvent, sont censées traiter tous les problèmes. Il semble donc que les états et maladies, pour lesquels les Occidentaux consultent le plus souvent un praticien en MTC soient ceux provoqués par des problèmes qui ne répondent pas bien aux traitements classiques : douleurs chroniques, allergies, problèmes de ménopause, arthrite, symptômes du stress, fatigue et problèmes digestifs.
Sauf quelques exceptions (dont certains produits pour des maux bénins et courants), les plantes et formules chinoises ne sont pas indiquées pour l’automédication ou pour des ordonnances d’amateur : elles doivent être prescrites et dispensées par un docteur en médecine chinoise, un acupuncteur ou un herboriste qualifié.
Cela dit, il n’existe pas, semble-t-il, de médecine efficace qui soit totalement sans risque. Les plantes médicinales chinoises, comme la plupart des substances actives, peuvent provoquer des effets secondaires. Heureusement, la très longue tradition orientale fait que ces effets sont connus avec précision ; dans une grande majorité de cas, ils sont d’ordre digestif (ballonnement, perte d’appétit, nausée). De façon générale, la pratique chinoise privilégie d’abord des plantes non toxiques qui servent à soutenir le système d’autoguérison, tandis qu’elle réserve les plantes possédant des propriétés toxiques aux cas sévères.


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