6/11/2008

La notion de Qi


La notion de Qi (« tchi ») est issue de l’observation et de la connaissance des phénomènes naturels que possèdent les chinois depuis plusieurs millénaires. Pour eux, le Qi est à l’origine du monde, « tout être et toute chose résulte du Qi du Ciel et de la Terre ». L’univers tout entier n’est fait que de Qi, il est mû par une force vitale qui est à l’origine de tout, se manifeste dans tout ce qui est.


On pourrait tenter de définir l’énergie dans ses deux aspects de base, avec une infinité de variantes intermédiaires :
- l’énergie la plus subtile, légère, haute, à l’image du ciel
- l’énergie la plus dense, lourde, compacte, basse, à l’image de la terre

Pour la Médecine Traditionnelle Chinoise, le Qi est aussi la substance fondamentale du corps humain, à la fois la matière qui le compose et son activité physiologique. Il conditionne et nourrit la vie. L’Homme est un produit de la nature qui résulte de l’union des énergies du Ciel et de la Terre, où il puise ses éléments nutritifs en respirant et en absorbant des aliments. L’Homme, charnière entre le Ciel et la Terre, possède lui aussi ses énergies «denses» (matières, corps, tissus, chairs) et ses énergies plus subtiles, dans ses fonctions physiologiques et mentales, ses canaux, voies d’acheminement, ses organes pleins et creux, à l’image de la nature et de l’Univers.

La notion de Qi s’appuie donc sur une conception globale de la nature et de la vie. Dans ce contexte, il n’y a pas de différence entre le corps et l’esprit, ni entre l’homme et l’univers. La pratique du Qi Gong, en se basant sur ces notions, permet à l’homme de préserver son équilibre et de retrouver l’harmonie entre son microcosme et le macrocosme de la nature et de l’Univers.

Cette conception globale veut que le Qi Gong ne soit pas une thérapeutique particulière à tel ou tel type de maladie, mais un moyen destiné à améliorer le fonctionnement de l’ensemble de l’organisme. Le Qi Gong renforce la faculté défensive et adaptative de l’organisme et autorégule l’organisme.


© 2008 Esprit Santé



La MTC vs. la Médecine occidentale


La Médecine Traditionnelle Chinoise n’est pas qu’un sujet médical ni seulement un moyen de soigner des patients. Pour comprendre la MTC, il faut en connaître l’origine, la démarche, et les caractéristiques de la Philosophie Chinoise. C’est un point de vue très différent de celui de la Médecine occidentale, comme lorsqu’on veut apprécier un tableau ; la MTC prend du recul pour voir l ’ ensemble de l’oeuvre. Elle s’intéresse à la globalité du phénomène, mais ne s’arrête pas aux détails.

La Médecine occidentale est une médecine de laboratoire, élaborée sous des microscopes. Elle est très précise sur des points de détail, mais en oublie la globalité de l’être.

L'origine de la MTC remonte à l'Antiquité. Le premier grand ouvrage, (Huang Di Nei Jing) existe depuis trois mille ans. Grâce à sa riche expérience, sa stricte logique théorique, elle est la seule médecine traditionnelle qui soit encore bien vivante; aujourd'hui elle soigne toujours un patient sur dix dans le monde.

Ses notions d'énergétique, d'équilibre et de globalité ne sont pas seulement destinées à la médecine, mais également pour la vie quotidienne, afin de permettre de comprendre pourquoi on vit et comment bien vivre! C'est pour cela que l'on dit que la MTC ne s'intéresse pas seulement aux maladies mais surtout aux malades!

C'est un pont entre la réalité et la spiritualité! C'est une science , mais c'est surtout une sagesse. Elle veut apporter une bonne santé mais aussi un bon moral.

En Chine , c'est une médecine qui est officielle et enseignée à l'université. Médecine moderne et médecine traditionnelle y fonctionnent de manière complémentaire.

Les occidentaux ont découvert la Médecine Traditionnelle Chinoise surtout à travers l'Acupuncture mais elle est un système bien plus vaste.

Ce système comprend aussi:

la Pharmacopée qui utilise plus de mille plantes à partir d'un diagnostic précis

le Massage chinois: il est précédé d'un diagnostic basé sur la Médecine Chinoise et utilise différentes techniques pour masser les points d'Acupuncture et les méridiens pour guérir et prévenir les maladies. Le Shiatsu (massage japonais), que nous connaissons ici, est issu du massage chinois.

la Diététique: d'après laMédecine Chinoise, chaque aliment selon sa nature, sa saveur,et sa fonction a une influence bonne ou mauvaise sur l'état de santé.

la Psychologie Chinoise: qui ouvre une porte originale pour les occidentaux à propos des troubles émotionnels et affectifs.

le QiGong: qui est une pratique physique et spirituelle très ancienne, a une action préventive et curative sur la santé.

Ce système offre une thérapeutique naturelle efficace sans effet secondaire.


Qu'est ce que le QI GONG ?


Le QI GONG est un art énergétique ancestral, aux bienfaits multiples.
QI se traduit par "énergie" (ou souffle), GONG signifie "travail".
On peut donc traduire littéralement l'expression QI GONG par "travail de l'énergie".


Le QI GONG est une pratique qui regroupe un ensemble de techniques et d'exercices statiques ou dynamiques. Ces techniques font appel à un travail sur la respiration et la concentration de l'esprit, à travers des mouvements lents et fluides, pour ce qui concerne les pratiques dynamiques.

Il mobilise et tonifie l'énergie dans le corps pour en améliorer la vitalité.
Il harmonise les différents systèmes énergétiques, favorisant ainsi le bon fonctionnement des organes et la physiologie de l'organisme dans son ensemble. Il s'agit donc d'une pratique aux bienfaits préventifs pour la santé.

Il développe une meilleure conscience du corps en agissant sur l'équilibre, le tonus, le relâchement, la souplesse, la latéralité et l'écoute intérieure.

Il équilibre le corps avec l'esprit, permettant ainsi à chacun de lutter contre le stress et de trouver un meilleur état d'être (bien-être).

Cette discipline pratiquée depuis plus de 2000 ans en Chine, revêt des formes issues de ses différentes origines philosophiques et médicales. La pensée chinoise nous invite à voir l'homme placé entre ciel et terre et donc relié aux énergies de l'univers comme à celles de la terre.

Depuis quelques années, le QI GONG tend à se faire connaître auprès des Européens qui en découvrent les bénéfices face aux aléas de la vie moderne. Sa pratique se développe de plus en plus, avec des buts diversifiés tels que

  • une gymnastique préventive de santé et de bien-être
  • une technique douce, adaptable à la condition physique permettant de lutter contre les effets du vieillissement
  • une discipline de recherche personnelle qui favorise la concentration et élimine le stress
  • une discipline qui peut amener la personne à un "art de vivre" en portant une meilleure attention sur sa qualité de vie (alimentation, lieu, rythme…) et pour certains c'est une voie d'ouverture vers la spiritualité
  • une pratique préparatoire à d'autres sports, en particulier les arts martiaux
  • une pratique ludique et poétique pour les enfants, qui renforce la capacité de concentration et de mémoire nécessaire aux apprentissages

6/08/2008

Qu’est-ce que l’acupuncture ?


Une branche unique dans la pratique de la médecine traditionnelle chinoise, l’acupuncture, ou zhenjiu en langue chinoise, est l’une des méthodes les plus efficaces pour guérir les maladies. Zhen signifie l’insertion d’aiguilles dans les points d’acupuncture situés dans tous le corps afin de traiter les maux dont souffre le patient. Jiu signifie le moxa qui utilise la chaleur produite en brûlant directement ou indirectement l’armoise, une herbe chinoise qui excite les points d’acupuncture au cours du traitement. Partie intégrale de la médecine traditionnelle chinoise, la théorie de l’acupuncture est née à la suite de l’accumulation des expériences des hommes pour lutter contre la nature et les maladies et est devenue de plus en plus mature au fur et à mesure que la pratique s’est développée. L’acupuncture n’a donc jamais été découverte par une seule personne à une époque définie. Dèjà, à l’âge de pierre, les hommes qui avaient des douleurs dans les mains s’étaient aperçus que leur souffrance était atténuée lorsque des pierres appuyaient accidentellement les parties douloureuses. Dès lors, des pierres étaient délibérément taillées en pointe pour masser certaines parties du corps dans le but de guérir des maladies mais aussi de maintenir une bonne santé en équilibrant le flux du sang et l’énergie vitale. Pendant l’âge de fer, les pierres ont été remplacées par des aiguilles de métal, contribuant au grand avancement de l’acupuncture. On utilise aujourd’hui des aiguilles en or, en argent ou en cuivre ou fabriquées dans des métaux non oxydables.

Le moxa remonte à l’utilisation du feu par les êtres humains. Les femmes qui faisaient la cuisine ont découvert que leurs douleurs disparaissaient lorsque des braises venaient à tomber sur les parties du corps concernées. L’homme s’est ainsi mis à brûler de l’armoise pour se délivrer de ses douleurs. Stimuler la partie douloureuse par la chaleur et utiliser pour cela des herbes aromatiques maintient en bonne santé.

Comment l’acupuncture peut-elle guérir des maladies ? D’après la philosophie traditionnelle chinoise, tout objet de l’univers est le résultat d’un équilibre et d’une opposition entre le yin et le yang. La maladie résulte donc d’un déséquilibre entre les deux parties. En insérant de fines aiguilles dans les canaux d’énergie, un acupuncteur peut stimuler les parties douloureuses du corps pour rétablir l’équilibre naturel.

D’après les scientifiques, l’insertion des aiguilles d’acupuncture peut exciter le cerveau qui produira des endorphines libérant de la souffrance. L’acupuncture n’encourage pas seulement la capacité des gens à lutter contre leurs propres maladies, mais affecte également le système nerveux, réajuste la pression sanguine, le rythme du pouls, la température, la transpiration ainsi que de nombreuses autres réactions physiologiques.

Ainsi, l’acupuncture au niveau de l’oreille est une thérapie utilisée pour aider les drogués à se désintoxiquer. Après le traitement, la plupart des patients se sentent relaxés, voit leur appétit augmenter et leur transit s’améliorer.

Le jingluo (méridien ou vaisseaux du corps) est une autre théorie classique. Les Chinois utilisent le terme jingluo pour décrire les conduits, les canaux et les méridiens. Selon l’acupuncture, il existe des canaux invisibles à travers lesquels l’énergie vitale circule dans tous le corps. Les points d’acupuncture sont les endroits où l’énergie vitale est la plus proche de la surface du corps. Les jingluo sont des canaux invisibles, mais lorsqu’une personne tombe malade, ils deviennent plus souples et des tubercules apparaissent. La couleur, la température et l’apparence de la peau des parties malades seront différentes de celles d’une personne en bonne santé. En observant et en touchant ces parties apparentes, les médecins peuvent trouver les inférences et traiter la maladie. Pour rétablir la balance dans le corps humain, l’acupuncteur stimule les points d’acupuncture qui favorise l’équilibre. Ainsi, si les gens possèdent des énergies vitales stagnantes, le praticien utilisera des points spécifiques pour les stimuler.

Si l’énergie vitale est trop froide, il choisira les points qui permettront de la réchauffer. Si elle est trop faible, il la renforcera et si elle est coincée, il la débloquera. De ce fait, l’acupuncture peut effectivement rééquilibrer l’énergie, restaurer la santé et prévenir le développement de maladies.

Applications d’acupuncture :

1. L’acupuncture zusanli de 15 à 30 minutes, une fois par jour, est bonne pour conserver une bonne santé et favoriser la longévité. Zusanli est un point d’acupuncture situé sur la jambe, trois pouces (1 pouce = 0,033 m) sous le genou et à une largeur de doigt de l’arête du tibia, côté extérieur.

2. Pour traiter les fièvres, piquez shixuanxue, un point d’acupuncture situé sur le bout des doigts à 0,1 pouce de l’ongle.

3. Pour traiter les maux de tête, de dent ou du cou : piquer yuanxue sur 0,5 à 1,0 pouce de profondeur. Il est également possible d’appliquer le moxa. Les femmes enceintes ne peuvent cependant prétendre à un traitement par l’acupuncture. Yuanxue est un point d’acupuncture sur le dos de la main, entre le premier et le second os métacarpiens, au milieu de la partie extérieure du second os métacarpien. Toutes les applications peuvent être pratiquées par des médecins licenciés. Pratiquer soi-même est fortement décommandé.

Les acupuncteurs pensent que leurs patients reçoivent des énergies vitales grâce à des manipulations appropriées qui produisent des douleurs, des pincements, des effets de chaleur ou de froid. Les diagnostics étant basés sur une analyse générale de la maladie et de la condition du patient, les traitements varient selon l’âge du malade, l’état de sa santé et changent parfois même avec les saisons. Les plus âgés et les enfants ne doivent pas être piqués en profondeur et les points d’acupuncture choisis doivent être moindres, tandis que les jeunes et les personnes relativement fortes peuvent bénéficier de traitements plus intenses. Au printemps et en été, les patients doivent être piqués en surface et les docteurs doivent réduire ou arrêter les applications d’acupuncture.

Quelles sont les maladies les mieux traitées avec l’acupuncture ?
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, l’acupuncture est efficace pour 43 maladies, commes les maux de tête (incluant les migraines et les maux de tête neurologiques), les vertiges, les douleurs du cou, des épaules, du bassin et des jambes. Elle traite également l’arthrite, la sciatique, la paralysie faciale, la douleur du nerf trifacial, l’apoplexie et les maladies internes comme la gastrite chronique et aigu ?, diarrhée ou encore certaines maladies gynécologiques.

L’acupuncture est prouvée comme étant un anti-douleur efficace. 50 à 70% des patients qui ont bénéficié de traitement d’acupuncture voient leur santé s’améliorer à courts ou longs termes. Cependant, certains physiciens occidentaux considèrent que l’acupuncture est une sorte de placebo, car 30 à 35 % de tous les patients imaginent que leur douleur est atténuée grâce au placebo, en dépit de leur traitement actuel.

Ces dernières années, la Chine a accueilli de nombreux programmes d’échange de médecine traditionnelle chinois (TCM) avec les pays développés, offrant l’opportunité aux médecins du monde entier de venir étudier et répandre la culture et la science de la MTC.

Dès 1997, les traitements d’acupuncture ont prouvé leur efficacité lors d’un symposium tenu par l’Institut national de la santé américain. A l’exception des cas de maladies mentionnés ci-dessus, l’acupuncture est également d’une grande aide dans l’abandon de la cigarette et de l’alcool. Le traitement d’acupuncture aux oreilles est largement utilisé lorsque les traitements radioactifs doivent être strictement évités. L’acupuncture sert par ailleurs à alléger les souffrances et guérir les paralysies faisant suite à une apoplexie. Pour de nombreuses maladies, le traitement par l’acupuncture permet d’obtenir des résultats plus satisfaisant qu’avec d’autres traitements. Il ne convient cependant pas à tous les patients. Ceux qui souffrent de dysfonctions de coagulation, de maladies cardiaques sévères, de problèmes mentaux, de diabète ne peuvent prétendre à un tel traitement. L’acupuncture produit généralement une faible douleur que la plupart des personnes peuvent supporter. D’autres ne le pourront en raison de facteurs psychologiques ou de stress mental.

L’acupuncture est populaire en Chine et dans les autres pays d’Asie, comme le Japon et la Corée, depuis des milliers d’années. Avec le développement de la société, ces dernières années, l’acupuncture a été acceptée comme traitement effectif par de plus en plus de patients et de praticiens à travers le monde. En 1971, durant la visite du secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger précédent celle du président Nixon en Chine, un journaliste répondant au nom de James Reston fut opéré de l’appendicite. Ce dernier s’aperçut avec surprise que sa douleur pouvait être atténuée avec l’acupuncture. Après son retour aux Etats-Unis, Reston a raconté son expérience médicale chinoise. Son article a été publié dans le New York Times et l’acupuncture plus largement introduite aux USA.

Applications d’acupuncture :

1. Pour guérir les insomnies, piquer les points d’acupuncture Sishencong, Shenmen et Sanyinjiao une fois par jour pendant 20 à 30 minutes. Le traitement est plus efficace s’il est appliqué dans l’après-midi. Sishencong est un terme regroupant quatre points d’acupuncture de la tête. Ils sont situés à un pouce à droite, à gauche, devant et derrière le milieu de la tête. Shenmen est un point d’acupuncture sur le poignet. Sanyinjiao est un point d’acupuncture situé sur le pied à trois pouces au-dessus de la pointe du malléole intérieur à côté du bord intérieur du tibia.

2. Pour arrêter de fumer, piquer Baihui et Shenmen une à deux fois par jour et laisser les aiguilles environ 30 minutes. Baihui est un point d’acupuncture situé sur la ligne centrale de la tête, à 5 pouces au-dessous de la ligne des cheveux, approximativement au milieu de la ligne connectant l’apex aux deux auricules. Shenmen est un point situé sur le poignet.

Les applications ne peuvent être pratiquées que par des médecins. L’auto-pratique est absolument déconseillée.

P.-S.
par Meng Yonghong


Le difficile parcours des médecins traditionnels


Taïwan offre peu d’opportunités à ceux qui désirent poursuivre une carrière dans la médecine chinoise traditionnelle. Les étudiants qui n’ont pas été acceptés dans les écoles insulaires finissent souvent par aller se former sur le continent chinois - pour être de nouveau rejetés à leur retour.

« Les bons remèdes ont un goût amer », affirme un vieux dicton. La plupart des ingrédients qui entrent dans la composition des traitements traditionnels semblent le confirmer !

L’acupuncture - l’insertion de fines aiguilles dans certains points déterminés du corps pour soigner une maladie ou soulager la douleur - est l’une des thérapeutiques chinoises les plus anciennes et les plus fréquemment appliquées. Elle existait avant qu’apparaissent les premiers écrits historiques et beaucoup pensent qu’elle était utilisée par l’Empereur Jaune, l’ancêtre légendaire du peuple chinois. Cette technique s’est répandue sous la dynastie Han (206 av. J.-C. - 220 ap. J.-C.). Elle est restée populaire depuis lors, étant d’utilisation relativement facile, avec peu d’effets secondaires et de nombreuses applications.

La plupart des Chinois savent sans doute peu de choses sur l’histoire ou la théorie de l’acupuncture, mais ils sont très familiers de la vision de patients dont le torse, la tête ou même les paupières sont piqués de petites aiguilles. En fait, l’acupuncture est devenue si commune et si populaire que des médecins occidentaux se sont mis à l’essayer - certains parce qu’ils pensent qu’elle est efficace, d’autres parce qu’ils s’estiment capables d’en expliquer les effets en des termes reconnus par la science moderne.

Mais toutes les thérapies traditionnelles chinoises n’ont pas la même validité scientifique aux yeux de l’Occident. Mettre trois doigts sur le poignet d’un patient pour diagnostiquer sa maladie, par exemple, n’a que peu de sens pour la plupart des praticiens de médecine occidentale. Dire que la maladie est causée par un blocage du chi, ou « énergie vitale », est sans doute moins acceptable encore. Que les Occidentaux rejettent la médecine chinoise parce qu’ils ne lui trouvent aucun fondement scientifique, voilà qui est excusable. Mais que le gouvernement de la République de Chine exerce également une discrimination à son égard - une position qui se reflète dans de nombreuses politiques officielles, donne matière à discussion.

Prenons l’exemple de l’assurance santé. Ce n’est qu’en 1975, soit 25 ans après sa promulgation en 1950, que la médecine chinoise a été couverte par l’assurance des travailleurs. Les fonctionnaires ont même dû attendre encore plus longtemps - trente ans, de 1958 à 1988 - pour que leur système d’assurance inclue ce type de soins. A elle seule, cette situation a constitué un sérieux frein au développement des infrastructures de la médecine traditionnelle.

Selon l’Office de la Santé publique (DOH), Taïwan possède maintenant 79 hôpitaux et plus de 2000 cabinets spécialisés dans la médecine chinoise, soit environ un dixième du nombre des institutions de médecine occidentale. L’an dernier, les soins traditionnels n’ont représenté que 5% seulement de l’ensemble des remboursements médicaux. « Le gouvernement ne considère pas vraiment la médecine chinoise comme une discipline scientifique et il estime pour cette raison qu’elle n’a pas à être remboursée », déclare Lee I-hung, directeur de la polyclinique Means et docteur en médecine chinoise. « Les gens ne s’opposent pas à l’idée de suivre un traitement de médecine traditionnelle, continue-t-il. Mais au vu des coûts, il était logique que beaucoup se tournent vers la médecine occidentale, qui était remboursée. »

Le statut inférieur réservé à la médecine chinoise apparaît encore plus clairement dans le domaine de l’enseignement. Cette situation remonte à 1912, date à laquelle le ministre de l’Education a interdit de façon explicite l’ouverture d’écoles de médecine chinoise. « L’occidentalisation était considérée comme la clef du développement national, de sorte que les étudiants devaient apprendre la science occidentale moderne et rien d’autre, déclare Yun-tson Tsao, directeur de la Division de Médecine chinoise du Comité de la Médecine et de la Pharmacologie chinoises du DOH. La politique du gouvernement montre que la médecine chinoise fut officiellement exclue avant même de se voir accorder la moindre chance. »

Malgré cela, cette discipline a continué à se développer, en particulier parce que ses pouvoirs de guérison étaient traditionnellement transmis de façon informelle d’une génération à l’autre. L’interdiction d’ouvrir des écoles de médecine chinoise a été levée en 1930, mais ce n’est qu’en 1966 que l’Ecole médicale de Chine a créé le premier Département de Médecine chinoise à Taïwan. Elle a attendu jusqu’en 1983 pour mettre en place un programme de troisième cycle. Cette école demeure le seul établissement d’enseignement de la médecine chinoise dans l’île. Chaque année, les 120 diplômés qui ont achevé les sept années du cursus, ainsi que les 100 autres étudiants qui ont terminé le programme de cinq ans qui succède à la licence, tentent l’examen national, dans l’espoir de devenir docteurs en médecine chinoise traditionnelle.

Les étudiants qui ont terminé le cursus de sept ans et réussi l’examen national peuvent aussi tenter une autre épreuve qui leur permettra de pratiquer la médecine occidentale. En effet, cette dernière fait partie intégrante de la formation jusqu’en licence. Il y a cependant une condition : celui qui a réussi aux deux examens doit faire un choix entre l’exercice de l’une ou l’autre de ces disciplines. Les diplômés qui n’ont étudié officiellement que la médecine occidentale, de leur côté, peuvent accumuler 45 unités de valeur en médecine chinoise et passer ensuite un examen qui leur permet d’exercer dans cette discipline.

Il ne fait pas de doute qu’une bonne intention sous-tend ces règlements : permettre une interaction plus poussée entre les techniques médicales chinoise et occidentale. Le résultat, cependant, n’a pas profité à la médecine chinoise. En effet, les diplômés ne se contentent généralement pas d’exercer uniquement dans ce domaine.

Prétendre diagnostiquer une maladie en mesurant simplement le pouls du patient semble absurde à la plupart des Occidentaux. Mais les praticiens de médecine chinoise traditionnelle préfèrent éviter les méthodes trop agressives.

Yun-tson Tsao fait remarquer que, puisque la balance penche en faveur de la médecine occidentale depuis des années, les praticiens qui exercent dans cette discipline sont en général mieux payés, jouissent d’un statut plus élevé, ont accès à des équipements de recherche plus modernes et bénéficient de meilleures chances de promotion. « Les gens savent que dans un hôpital qui pratique la médecine occidentale, ils peuvent continuer à enrichir leur savoir et favoriser le développement de leur carrière, souligne M. Tsao. Avec la médecine chinoise, vous restez au même niveau, depuis le jour où vous accrochez votre plaque jusqu’à celui où vous partez en retraite. » Il n’est donc pas surprenant que plus de 80% des diplômés en médecine chinoise choisissent finalement d’exercer la médecine occidentale. En mars 1998, selon les dernières statistiques disponibles, seulement neuf des plus de 200 diplômés en médecine occidentale, également détenteurs des 45 unités de valeur de médecine traditionnelle, avaient réussi l’examen leur permettant d’exercer la médecine chinoise.

En plusieurs occasions, les députés, les docteurs en médecine occidentale et la communauté des praticiens de médecine chinoise traditionnelle se sont rencontrés pour discuter de la création d’un plus grand nombre de départements de médecine chinoise, ou même, d’une université spécialisée dans ce domaine. Les résultats ont été décevants. Yun-tson Tsao explique que, par le passé, l’ouverture de nouveaux départements au sein d’une université dépendait entièrement du ministère de l’Education. Le « manque d’enseignants qualifiés » était alors la principale excuse avancée pour ne pas créer de faculté de médecine chinoise. Aujourd’hui, alors que les universités sont pourtant maîtresses de la décision en la matière, la situation ne paraît pas s’être améliorée. Toute proposition de création d’un nouveau département doit être approuvée par la faculté de l’université mais, à l’exception de l’Ecole médicale de Chine, les décideurs sont inévitablement issus des départements de médecine occidentale. C’est un cercle vicieux : aucun nouveau département de médecine chinoise ne peut être créé précisément parce qu’il n’en existe pas d’autres. « Quelle probabilité effective y a-t-il de voir ces responsables autoriser l’attribution d’un budget pour la création d’un nouveau département de médecine chinoise ?, demande M. Tsao pour la forme. Même les chances de voir cette proposition inscrite à l’ordre du jour sont très minces. »

Un tiers seulement des quelque 3 300 praticiens de médecine chinoise traditionnelle ont suivi une véritable formation. Ironie du sort, ceux qui réussissent l’examen d’entrée de l’Ecole médicale de Chine et qui passent sept ans dans le Département de Médecine chinoise décident finalement de ne pas exercer dans cette discipline, alors qu’inversement, ceux qui choisissent cette voie ratent souvent l’examen. Pour ces derniers, seul un succès aux examens professionnels peut alors leur permettre de satisfaire leur ambition. Ils doivent acquérir leurs connaissances médicales en fréquentant les cabinets que dirigent parents ou amis, en apprenant par eux-mêmes ou en empruntant n’importe quelle autre filière qui s’offre à eux. Ils passent ensuite un premier examen éliminatoire, organisé tous les trois ans, qui est suivi par un examen spécial destiné aux futurs docteurs en médecine chinoise. De nombreuses écoles de bachotage peuvent les guider dans leur préparation, mais il est aussi difficile de réussir ces tests que d’être admis dans une école de médecine via l’examen de l’université, sinon plus. Les candidats doivent souvent se présenter aux tests de rattrapage organisés les années suivantes.

Frustrés par les difficultés auxquelles ils sont confrontés à Taïwan, de nombreux insulaires désirant poursuivre une carrière dans la médecine chinoise se tournent vers le continent. Un grand nombre de praticiens de la vieille génération s’étaient rendus sur l’autre rive du Détroit pour des études temporaires allant de plusieurs semaines à plusieurs mois. « Ils agissaient surtout par esprit d’opposition au fait que les autorités de Taïpei ne respectaient pas la médecine chinoise traditionnelle, contrairement aux autorités d’en face, affirme Lee I-hung. Pékin y consacrait des fonds et accueillait favorablement les Taïwanais, de sorte qu’il y avait toutes les raisons d’aller y voir de plus près. »

M. Lee souligne que cette ancienne génération pratiquait déjà la médecine traditionnelle à Taïwan et que les voyages sur le continent avaient pour seul objectif d’en apprendre davantage. Les docteurs d’alors ne se préoccupaient pas de savoir si le gouvernement de Taïwan leur accorderait des unités de valeur pour les cours qu’ils auraient suivis là-bas. Mais pour les étudiants qui se sont rendus sur le continent au cours de la décennie passée, l’état d’esprit était bien différent. « Ces jeunes gens apprennent la médecine chinoise parce qu’ils veulent une part du marché local, explique Yun-tson Tsao. Quand la route qui mène au marché est barrée, ils prennent un chemin de traverse. »

Les « déviations » de la profession ont connu des fortunes diverses, tantôt s’élargissant et tantôt se raccourcissant. Mais désormais, peu d’obstacles se dressent devant les citoyens de Taïwan qui veulent se rendre sur le continent, et l’admission dans l’une des universités de médecine chinoise là-bas dépend en général de leurs moyens financiers, tout simplement. A l’heure actuelle, les Taïwanais qui désirent étudier sur l’autre rive du Détroit n’ont même pas à s’inscrire auprès de l’une des administrations de leur gouvernement.

En revanche, les vicissitudes des relations entre les deux côtés du Détroit ont fait que le projet de loi sur la reconnaissance des diplômes du continent ne sera pas voté dans un avenir proche. Ainsi, le gouvernement n’a toujours pas établi de liste définitive des écoles continentales qu’il reconnaîtra. Il faut cependant noter que, s’agissant des études de médecine chinoise, ce même gouvernement envisage une reconnaissance des écoles médicales de Pékin, Shanghai et Canton.

Selon M. Tsao, la différence du système employé sur le continent constitue l’une des principales difficultés. Le cursus y est en général de cinq ans, dont trois pour la maîtrise. Ces deux programmes comprennent, en outre, six mois environ de « cours politiques ». La durée moins longue des études et des critères d’admission différents ont incité les praticiens taïwanais à suggérer au gouvernement d’établir des normes strictes pour vérifier l’adéquation des connaissances et des qualifications médicales acquises sur le continent.

Aux yeux de certains médecins taïwanais traditionnels, cependant, une durée d’études plus courte n’est pas toujours synonyme de formation moins bonne. Lee I-hung a visité la plupart de ces écoles du continent, et il considère que la qualité de l’enseignement qui y est dispensé, ainsi que celle des équipements, est supérieure à celle de Taïwan. « Tout s’explique par des politiques éducatives différentes d’un gouvernement à l’autre, affirme-t-il. Alors que le continent chinois est doté de plusieurs universités d’Etat de médecine chinoise, Taïwan ne possède qu’un département - et c’est une école privée . »

M. Tsao est lui aussi familier des universités et des infrastructures du continent chinois mais, pour lui, le dilemme qualité/quantité revêt une autre signification. S’il admet que les chercheurs sont plus nombreux sur le continent - le rapport arithmétique à la taille de la population y est pour beaucoup , et que donc, les chances d’aboutir à des résultats sont plus élevées -, il fait en revanche remarquer que, s’agissant du développement médical d’ensemble, le continent chinois a entre dix et vingt ans de retard sur Taïwan. M. Tsao ajoute que de nombreux praticiens continentaux de médecine traditionnelle deviennent enseignants grâce à leurs relations politiques influentes plutôt qu’en vertu de leurs mérites professionnels. « Les meilleurs docteurs sont choisis pour s’occuper des responsables haut placés du gouvernement, dit-il. Ils n’ont pas le temps d’enseigner dans les écoles et la plupart d’entre eux n’ont d’ailleurs pas le moindre désir de le faire. »

Tout le monde est d’accord sur un point au moins : les écoles du continent offrent aux Taïwanais un accès plus facile aux études de médecine chinoise. Au cours des quatre ou cinq dernières années, de nombreux jeunes gens ont fait un détour par l’autre rive pour compléter leurs connaissances. Il n’existe pas de statistiques officielles sur le nombre des Taïwanais qui ont été formés sur le continent. M. Tsao estime leur nombre compris entre 3 000 et 5 000 personnes. Leurs diplômes n’ont cependant pas encore été reconnus par le gouvernement de la République de Chine, de sorte que cette formation ne leur a pas permis d’être titularisés. Pour eux, le règlement est le même que pour tous ceux qui ne possèdent pas de diplôme dans cette discipline : ils doivent passer un test d’aptitude, ainsi que l’examen spécial des docteurs en médecine chinoise.

Il était sans doute inévitable que certains d’entre eux commencent à exercer avant d’avoir réussi l’examen. « La situation est la même qu’il y a quelques années, quand les hôpitaux employaient des médecins diplômés d’écoles de médecine philippines non reconnues par le gouvernement, dit M. Tsao. La nouvelle génération se juge apte à exercer parce qu’elle a suivi une formation médicale de niveau universitaire. La question n’est pas de savoir si ces praticiens sont agréés ou pas. »

A l’heure actuelle, le marché joue en faveur de ces « médecins officieux ». Les patients consultent des docteurs qui exercent illégalement parce qu’il n’y a pas assez de médecins traditionnels agréés. Selon l’enquête la plus récente du DOH, Taïwan a besoin d’environ 4 600 praticiens de médecine traditionnelle, soit 2,2 pour 10 000 personnes. Partant de cette constatation, certains observateurs se demandent si l’île réussira à absorber les quelques milliers de médecins supplémentaires formés sur le continent lorsque le gouvernement aura reconnu leurs diplômes. Pour Lee I-hung, le jeu du marché devrait résoudre la question. « Si je me place du point de vue de mon intérêt personnel, l’idéal pour moi est d’être le seul médecin sur la place de Taïwan, afin que tous les patients soient obligés de venir me consulter, dit-il. Mais pour le bien de la médecine, il vaut mieux que l’offre dépasse la demande. Laissons donc la concurrence renforcer la qualité et éliminer les irréguliers. »

Pour l’heure, M. Lee ne croit pas que le gouvernement ou la communauté des spécialistes de médecine traditionnelle soient disposés à laisser les forces du marché assainir la situation. Et il ne semble pas possible qu’une simple séance d’acupuncture puisse stimuler la motivation du gouvernement, ni que quelques interventions chirurgicales suffisent à transformer les mentalités !

P.-S.
par Jim Hwang

Source: chinatown.fr

Se soigner avec le thé chinois


Le thé chinois a une longue histoire et diverses variétés. Il est souvent employé par la médecine traditionnelle chinoise pour fortifier la constitution physique ou guérir des maladies. Voici les espèces de thé chinois le plus souvent employées médicalement :

1. Thé vert.

Préparé à haute température et non fermenté, il présente une couleur verte et une odeur parfumée. D’une propriété plutôt froide, le thé vert peut stimuler et tranquilliser l’esprit, rendre la vue brillante, améliorer la digestion, faire sortir de l’ivresse, dissiper les crachats, diluer la graisse, faciliter l’excrétion des matières fécales, fortifier les dents et l’énergie vitale. Il aide aussi à dissiper la chaleur et les toxines, à arrêter la soif en produisant de la salive, et à réduire l’enflure.

2. Thé noir.

Complètement fermenté, il est noir à sec mais rouge infusé dans le liquide. Son odeur est parfumée et pure. Le thé noir stimule et tranquillise l’esprit, rend la vue brillante, améliore la digestion, fait sortir de l’ivresse, dissipe les crachats, dilue la graisse, facilite l’excrétion des matières fécales, fortifie les dents et l’énergie vitale, apaise la faim. D’une propriété douce, il aide à réchauffer les reins, à nourrir l’estomac, à améliorer la digestion et à arrêter la diarrhée.

3. Thé argenté.

Avec une préparation particulière constituée simplement du flétrissement naturel et du dessèchement, il a une couleur blanche à sec mais jaune infusé dans le liquide. Son odeur est parfumée et fraîche. D’une propriété froide, le thé argenté peut chasser la chaleur, produire de la salive, dissiper la fièvre et le feu et soulager la douleur.

4. Thé Wulong.

À demi fermenté, il a une couleur brune et violette ; son odeur est fraîche comme le thé vert et douce comme le thé noir. D’une propriété douce, le thé Wulong peut stimuler l’esprit, améliorer la digestion, dissiper la fièvre et la douleur, augmenter la diurèse, faire sortir de l’ivresse et faire circuler le sang.

5. Thé au jasmin.

Avec un ajout de fleurs, il a une odeur parfumée et une couleur jaune clair dans le liquide. Le thé au jasmin peut dissiper la stase, faire circuler l’énergie vitale et régulariser les menstruations. 6. Thé précoce. Cueilli avant la dernière décade du mois d’avril, il est à boire de préférence trois ans après. D’une propriété douce et froide, le thé précoce peut dissiper les crachats, rendre la vue claire, fortifier l’énergie vitale, calmer l’esprit, déboucher les orifices, améliorer la digestion et dissiper le feu.



Arts Millénaires de Bien-Vivre et de Bien-Etre

Arts Millénaires de Bien-Vivre et de Bien-Etre

Herbes de Provence