5/12/2008

Ici, on se sent ailleurs, apaisé


Par Patriarca Eliane
QUOTIDIEN : vendredi 22 juin 2007


Richard, 57 ans, chauffeur de taxi, est adepte de la discipline depuis deux ans:

Si vous montez dans son taxi, vous risquez fort d’en entendre parler. Richard Dudziak, 57 ans, a la passion prosélyte. Depuis qu’il a découvert le qi gong, il y a deux ans, cet ancien militaire est devenu un pratiquant assidu. Même si, confie-t-il, au départ c’est surtout l’enseignant - rien moins qu’un moine de Shaolin ! - qui l’a attiré aux Temps du corps, la salle parisienne où il s’entraîne. C’est Shi Heng Jun justement qui, ce soir, donne le cours de «qi gong des tendons et des muscles», l’une des variantes de cette gymnastique de santé chinoise (lire ci-contre). Le moine, qui enseigne en France depuis trois ans, porte un survêt Adidas, alors qu’on espérait se trouver face à Petit Scarabée (alias David Carradine), moine de Shaolin, héros bouddhiste et non violent du feuilleton des années 70 qui a popularisé les arts martiaux, et notamment le kung-fu, en France.


Traductrice

Le cours commence par un jogging pieds nus sur le parquet. Un sas efficace pour rompre avec le métro, la ville, le boulot. Suit un déplacement à base de petits pas, pied flexe, pointe. Des mouvements qui n’ont l’air de rien, et qu’on imite en espérant se fondre parmi les habitués. Raté : le maître s’approche, explique, via sa traductrice, qu’il ne faut pas forcer mais juste placer son poids au bon endroit au bon moment. Il montre et on s’aperçoit que le mouvement est plus fin et gracieux qu’on ne l’a cru. L’ambiance est calme, feutrée. «Ici on se sent ailleurs, apaisé», apprécie Richard. Suivent des enchaînements de mouvements, alternant tension et détente. La lenteur est déroutante, sinon rebutante, pour le novice. «Ce n’est pas évident au début, confirme Richard, les sensations sont progressives et liées à la régularité de la pratique. L’association de la respiration et des exercices apporte peu à peu un équilibre. Et je n’ai plus mal au dos, malgré tout le temps que je passe assis dans mon taxi.»


Fluidité

Plus on est dans la lenteur, «dans l’élasticité, et le souffle», plus on va dans la profondeur du travail, car le qi gong joue sur les méridiens et les points d’acupuncture pour stimuler les organes et mobiliser l’énergie. Le moine enchaîne les mouvements avec une fluidité et une précision qui évoquent des évolutions tout en spirale du kung-fu.


La beauté de Shaolin

Pour terminer, méditation puis détente : petits tapotements sur tout le corps. «Quand on est taxi, il faut savoir composer avec toutes sortes de gens. Maintenant, je suis beaucoup plus posé, réfléchi», note Richard. Seulement voilà, «il y a des fois même où ça énerve les clients que je sois si calme ! Ils voudraient que je klaxonne ou fonce !».

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