5/15/2008

Le Taiji Quan, la fierté suprême des arts martiaux chinois

Nicolas Jucha 28/08/2007


Souvent catalogué de gymnastique par les profanes, le Taiji Quan est pourtant la famille d'arts martiaux la plus reconnue des experts en Chine. Si son apport pour la santé est indéniable, son efficacité en combat est aussi bien réelle.


Qui n'a jamais vu d'images des parcs chinois au petit matin, avec ses vieillards qui exécutent des mouvements en toute lenteur ? Qui également, n'a jamais entendu parler du Taiji Quan, souvent transcrit en Tai Chi Chuan ou Tai Qi Quan ?

Un art martial célèbre tout autant que méconnu

Les faits sont bien là, si Bruce Lee en son temps a rendu populaire le Kung Fu en Occident, le Taiji n'a aujourd'hui plus rien à lui envier question de renom. Mais si l'appellation est connue, la discipline reste en elle même largement méconnue ou victime des idées préconçues.

Gymnastique ou art martial ? La première idée a tendance à s'imposer à l'esprit de la majorité, y compris en Chine. Il faut dire que la lenteur et la souplesse des mouvements du Taiji contraste avec le dynamisme musculaire d'autres disciplines telles le Karaté des Japonais, le Taekwondo des Coréens ou le Viet Vo Dao des Vietnamiens.

Très clairement, dans l'esprit de beaucoup d'Occidentaux, le Taiji Quan est destiné aux personnes âgées. Hors en Chine, tous les experts en arts martiaux ou presque s'accordent pour qualifier le style de boxe la plus efficace et utile de tout le répertoire, au combien riche, des arts martiaux chinois.

Pour vraiment comprendre, trois choses s'imposent : une explication lexicale du terme Taiji, une petite ébauche historique sur le style, et une tentative de description de ce dernier. Seulement une tentative dans le sujet est plus vaste qu'il n'y paraît de prime abord.

Taiji Quan : la Boxe du Faîte Suprême

Pour qui parle le Chinois mandarin, le simple nom Taiji suffit à évoquer une idée de puissance et d'efficacité : composé des mots Taiji (Faite Suprême, supérieur) et Quan (poing, boxe), le Taiji Quan n'est autre que la Boxe du Faîte Suprême ou encore LA Boxe Suprême.

Qui connaît les arts martiaux chinois et la richesse des styles qui existent dans l'Empire du milieu, sait que la place du Taiji se trouve en haut de la hiérarchie. Pour les Chinois, l'apprentissage d'un combattant parfait passe par trois étapes indispensables : l'externe, l'interne puis enfin le sans forme.

Terme difficile à comprendre pour celui qui ne pratique pas les arts martiaux, cette classification, sans être parfaite et figée, a été adoptée également dans les disciplines non chinoises. L'externe désigne les arts de combat basés avant tout sur la force physique et musculaire, tel le Kung Fu si célèbre de Shaolin. L'interne évoque les arts de combat basés principalement sur l'usage de l'énergie vitale, Qi pour les Chinois, Prana pour les Indiens, ou encore Ki pour les Japonais.

Dénaturé par la Révolution Culturelle

Si le Taiji Quan est souvent classé dans cette seconde catégorie, les plus grands maîtres le classent comme l'étape suprême : le sans forme, ou l'art de savoir laisser le corps s'exprimer le plus naturellement, et par conséquent, le plus efficacement possible...

Sa fausse réputation actuelle face au grand public, le Taiji Quan la tient principalement de son histoire récente, avec la Révolution Culturelle instaurée par Mao Zedong. Comme beaucoup d'autres Wushu chinois, le Taiji s'est vu privé de ses caractéristiques ancestrales qui le vouait à être un art de combat à la fois efficace et thérapeutique.

Si le Kung Fu est devenu principalement un sport de démonstration, le Taiji a été simplifié afin de devenir une gymnastique accessible à tous. Aujourd'hui, la discipline tend à retourner à ses origines martiales, mais si son image édulcorée dure encore à ce jour, c'est parce que seule la pratique, et l'introspection qu'elle appelle, permet de comprendre la vrai nature de la Boxe du Faîte Suprême.

Pas une mais plusieurs Boxes du Faîte Suprême

Qu'est-ce que le Taiji Quan ? Un article n'y répondra pas, mais en simplifiant les choses, une première ébauche de description pourrait suffire à effacer déjà pas mal de fausses idées.

Les sources historiques ne s'accordent pas, comme c'est souvent le cas en Chine, pour certifier l'origine exacte de cet art martial. Il n'existe pas un seul Taiji, mais comme dans le reste des arts chinois, un nombre considérable de styles, souvent nés au sein de familles et de clans, et qui ont ensuite donné naissance à des variations mises sur pieds par les pratiquants successifs.

Selon l'idée communément acceptée, le style Chen serait la plus ancienne de toutes ces écoles. Mélangeant mouvements lents et souples avec mouvements rapides et puissants, cette boxe serait à l'origine des autres grands styles comme Wu, Sun ou Yang.

Ce dernier est à ce jour le plus répandu, sa forme simplifiée étant la plus communément enseignée. C'est elle, par ses mouvements amples et lents, qui donne souvent au Taiji des «allures de gymnastique.»



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