9/02/2008

Acupuncture et médecine chinoise : la cosmogonie classique

Il est tout à fait possible de se faire traiter par la médecine chinoise sans jamais avoir eu aucune notion de la pensée et de la philosophie chinoise. Il est, de même, tout à fait possible d'utiliser une voiture, comme conducteur ou comme passager, sans avoir la moindre notion de mécanique.

Mais, de même que pour le véhicule automobile, si l'usage est régulier, fréquent et prolongé dans le temps quelques notions de base s'imposent. Le simple fait se savoir et de pouvoir changer une roue, des bougies, un filtre à air permettent une moindre dépendance vis à vis d'autrui et surtout du garagiste.
Si la réparation est plus importante, un minimum de connaissances évite, bien souvent, des surprises désagréables et des facturations pour le moins fantaisistes. Loin de nous la pensée qu'un acupuncteur ou qu'un garagiste puisse profiter de votre méconnaissance pour en tirer un quelconque profit. Dans certains cas ils sont irremplaçables et d'une grande efficacité et détestent, à juste titre, qu'on leur dicte la conduite à suivre. Mais, cela n'empêche nullement de tenter de comprendre leur démarche au lieu de demeurer totalement passif. Cela est encore plus vrai si vous choisissez de d'appuyer leur action par une démarche personnelle active de prévention ou d'entretien.

Si l'acupuncture ou le massage (AN MO chinois, SHIATSU japonais) vous suffit, vous laissez, en quelque sorte, votre corps chez le thérapeute comme votre voiture au garage, vous attendez que cela se passe puis vous reprenez le cours normal des choses c'est à dire l'utilisation rationnelle de votre corps ou de votre véhicule. Même dans ce cas, il est préférable de connaître un minimum de règles essentielles, fondements d'hygiène et de nutrition ou code de la route.

Si, par contre, vous souhaitez complémentariser l'acte thérapeutique ou éviter qu'il se reproduise trop souvent une simple démarche personnelle dans ce sens impose de ne plus faire n'importe quoi n'importe comment avec n'importe qui. Qu'il s'agisse d'une pratique énergétique comme le Taiji Quan (Tai Chi Chuan), le Qigong (Chi Kung), la gymnastique chinoise, ou Japonaise, de santé Daoyin (Tao Yin) ou Do In, d'une méthode de nutrition spécifique diététique chinoise (Yinshi) ou macrobiotique japonaise ou simplement de l'utilisation de plantes médicinales familiales dans de simples tisanes, il devient important sinon indispensable de connaître quelques règles.

Ne serait-ce que pour ne pas totalement contrarier ou fausser le travail de l'acupuncteur ou compliquer celui du masseur. Cela n'est pas du goût de tout le monde et déjà Confucius (Kongzi), dans les " Entretiens " (Lun Yu), Livre 3 Chapitre 5, affirmait

" Il est donné à tous les disciples d'entendre les leçons du Maître sur la bonne tenue corporelle et les règles de bienséance, mais non ses enseignements sur la nature de l'homme et sur l'action du Ciel. "

Il était donc précisé que seuls les initiés pouvaient avoir accès à certaines connaissances et ceci progressivement.

Cela rejoint parfaitement l'affirmation du Docteur A. CHAMFRAULT dans son cinquième tome du " Traité de Médecine Chinoise " dans un paragraphe intitulé " Le souffle des cinq Eléments pour nourrir les cinq organes " :

" Dans la notion de circulation de l'énergie en médecine taoïste, l'individu peut de lui même renforcer cette énergie circulante et traiter lui même, et sans l'intervention des aiguilles, toutes les maladies qui peuvent l'atteindre. Il semble donc que le traitement par les aiguilles d'acupuncteur ne soit réservé qu'à ceux qui n'ont pas ce pouvoir. Le Maître acupuncteur remplace donc, avec ses aiguilles, et par le jeu de la pensée, ce qu'un taoïste initié pourrait accomplir par lui-même et sans l'intervention matérielle des aiguilles ".

On comprend que ce " pouvoir " des " taoïstes initiés" puisse quelque peu déranger l'ordre confucianiste et quelques acupuncteurs. Remplacer des myriades de médicaments par quelques aiguilles bien placées est déjà un tour de force économiquement peu apprécié par l'industrie pharmaceutique. Si les aiguilles elles-mêmes peuvent être à leur tour remplacées par une connaissance utilisée par le patient c'est l'anarchie la plus totale et la plus désespérante. Il ne faut donc pas en vouloir à Confucius qui ne veut que notre bonheur en nous protégeant de trop de savoir.

UN TAO UNIQUE AUX MANIFESTATIONS INNOMBRABLES.

Dans la conception classique de la philosophie chinoise du Tao, l'homme situé entre terre et ciel fait partie intégrante de la nature et ne peut s'en dissocier sans rompre un équilibre permettant sa présence. Or, cette nature fait elle-même partie de l'univers qui est la manifestation du Tao. Les innombrables activités humaines, terrestres et célestes dépendent donc de cette Unité primordiale.

En médecine chinoise classique ce principe d'Unité est fondamental, il représente l'homme uni à son environnement direct ou indirect. Mais également dépendant de cet environnement. Le but essentiel de cette médecine est de maintenir l'homme dans cette unité ou de favoriser son retour dans celle-ci.

TAI YI : " LA GRANDE UNITE "
UN : L'UNITE DANS LE TAO

Tao (Dao), qui signifie littéralement " Voie ", correspond à une Unité fondamentale qui est à l'origine de tous les phénomènes manifestés.
Ne pouvant le nommer " car le Tao que l'on nomme n'est pas le Tao authentique (Laozi ou Lao Tseu), on préfère lui donner le nom de " Grand " ou " Grande Unité " (Tai Yi).
Cette " Grande Unité " se manifeste donc dans chaque chose, dans chaque être, dans chaque principe, dans chaque application.
En Chine, par principe, ces applications n'échappent pas à cette règle unitaire.
On parle donc de " La " cuisine, de " La " médecine, de " La " santé, de " La " peinture, de " La " respiration, de " L' "individu, de " L' "art martial. A partir de ce système unique, qu'il convient encore de définir dans ses règles essentielles, naissent des différenciations puis des complexifications et ceci, souvent, jusqu'à l'infini.
Les asiatiques ont donc tendance à nous présenter, pour l'exportation, cette unité comme quelque chose d'immuable ou de statique sinon de définitif. A les entendre et à les croire il n'existerait donc qu'une seule école d'acupuncture, qu'une seule cuisine chinoise, qu'une unique méthode de Taijquan (Tai Chi Chuan) , qu'un seul temple Shaolin, qu'une seule Chine.
Cela est pratique, certes, mais ne correspond pas à la réalité.
Lorsque les occidentaux cherchent à comprendre objectivement celle-ci, ils se retrouvent naturellement devant un infini présentant de multiples manifestations, tendances, variations, déclinaisons qu'ils jugent trop complexe et en déduisent que tout cela n'est en fait qu'un " casse-tête " chinois de plus.
Il est plus facile de faire croire à un pratiquant de Taijiquan (Tai Chi Chuan) qu'il a choisi " La " seule " école authentique " (" originelle " ; " ancienne " ; " secrète " ; " traditionnelle " ; " classique " ; " reconnue " ; " fédérale " ; " autorisée " ; " diplômante ") que de lui expliquer qu'il est là par hasard puisque qu'il existe cinq grands styles, une soixantaine de tendances et près de quatre cents écoles tous plus authentiques les uns que les autres.

En fonction du point de vue où l'on se place !

Un proverbe affirme " La chouette, elle-même, s'extasie de la beauté de son oisillon " !

(A suivre)

Source: tao-yin.com

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